Croquelismots

La clé se compose de trois parties distinctes : une tige de dix centimètres de long en métal gris, une tête arrondie à une de ses extrémités, tête ouverte à l’intérieur en formant deux petits cercles qui se rejoignent en leur milieu comme le chiffre huit. Et à la deuxième extrémité, un petit carré qui part sur le côté droit. Ce dernier se finit par deux dents avancées avec une ouverture crantée. Au-dessous de la tête, se trouve la lettre « B » gravée : B comme Bricard, cousine de Fichet. La lettre est noircie par l’usure. Au dos de la clé, se trouve le nombre 435, numéro de série unique. La clé est froide au toucher comme un ouvre-boite à sardines. Son métal est doux comme un sucre d’orge.

Si on positionne la clé à l’horizontale, les dents du fond ressemblent alors à des créneaux d’un château fort ou à une meurtrière, les deux ronds de la tête à une paire de jumelles.

La clé ouvre une porte, un tiroir, une commode, une boite à lettres ou encore un coffre-fort. Elle peut également représenter la solution à un problème ou à une énigme. Elle est la gardienne des secrets du carnet intime. Elle est festive en clé de sol, sauvage en clé des champs, prête à l’emploi en clé en main, ou définitivement triste en clé sous la porte.

Elle vit seule ou bien en trousseau. La clé peut s’attacher et ainsi se laisser porter. Elle offre sa tête à l’anneau qui verrouille à jamais son appartenance au clan. Son propriétaire l’emporte toujours avec lui. Et s’il la perd, il refait pas à pas tous les gestes dont il a le souvenir en sa compagnie.

On peut mettre la clé sous un pot de fleur ou bien au-dessus de l’armoire. On peut l’engager dans la serrure, en faire un tour et même un double tour. A chaque serrure correspond une clé sauf le passe qui lui va partout. Elle aime être dans les poches. Elle déteste être prêtée car avant tout la clé est un objet fidèle à celui à qui elle a été confiée.

Elisabeth FREUND-CAZAUBON